TELLE MÈRE, TELLE FILLE
On l'a vu, « Comptoir des Cotonniers » a instauré des collections qui s'adressent à toutes les générations. Partant de cette tendance, certaines marques sont allées plus loin en proposant des lignes uniquement à l'adresse des petites filles.
Si c'est vrai que toutes les petites filles rêvent de ressembler à leur maman, ça l'est également des mamans qui aspirent à paraître plus jeunes et donc à ressembler elles-mêmes à leurs filles. En somme on pourrait se poser des questions : qui copie l'autre ? Se ressembler fait-il le bonheur des deux ?
Prenons Antik Batik par exemple : la marque propose des « minis-nous ». On s'aperçoit que la tendance a bien dérivé. Ce sont les mères qui choisissent d'habiller leurs petites filles comme elles le souhaitent. La création d'une ligne pour enfant change complètement la donne, on ne se trouve plus en face d'adolescentes ou de grandes filles qui s'amusent avec les vêtements, jouent avec la proximité des modèles en les détournant mais face à des petites filles ou même des bébés qui n'ont évidemment pas encore la réflexion de la mode.
Ces mamans-enfants et ces enfants-mamans n'ont plus de repères
Collection mère-fille par Etam
Ces collections parlent forcément plus aux mamans qu'aux enfants. C'est pour cela qu'on est en droit de se demander ce que cela leur apporte ? La réponse qui nous vient tout de suite à l'esprit est bien évidemment l'envie de rester jeune, la peur de vieillir et de devenir toute ridée. Elles ne veulent pas s'habiller comme leur propre mère alors elles copient la garde-robe de leurs filles. Au final, on s'interroge : qui est la mère ? Qui est la fille ?
Et les petites filles ne sont pas malheureuses (ou en tous les cas, elles ne s'en rendent pas compte), trop heureuses de « jouer aux grandes », de s'habiller comme leurs idoles (souvenez-vous de la vague Lorie pour les 5-8 ans par exemple). Mais comment faire pour que la petite ne soit pas vulgaire et la mère ridicule ? Ce qu'on peut leur conseiller (si elles veulent absolument s'habiller à l'identique) c'est de se faire plaisir ensemble comme des jumelles : c'est à dire cultiver leur différence dans la ressemblance. Le mimétisme a donc ses limites, même si les occasions de s'habiller à l'identique ne manquent pas. Cependant cette tendance n'aide pas du tout les mamans à s'affirmer en tant que mère et les jeunes filles à apprendre à devenir des femmes. Une telle relation peut devenir toxique en débouchant sur une rivalité femme-femme qui n'a pas lieu d'exister. Les frontières des générations sont balayées. La fille grandit trop vite et la mère ne mûrit pas.