LE PHÉNOMÈNE " LOLITA "

Publié le par Clémentine

Il n'y a plus d'âge pour jouer aux petites femmes. Depuis une dizaine d'années, on assiste à une tendance : celle des « lolitas ». Des femmes-enfants qui, de par leur manière de s'habiller et se comporter font naître chez les hommes plus mûrs des pensées malsaines. Qui sont-elles et doit-on avoir peur pour les générations à venir ?

 

« Moi je m'appelle Lolita », tout le monde se rappelle de cette chanson (sortie en 2000) susurrée par la très jeune Alizée. A seulement 16 ans, elle était l'allégorie même de cette tendance. La jeune fille apparaissait dans son clip, moulée dans une petite robe rouge décolletée, laissant largement voir son soutien-gorge d'un blanc immaculé, en train de se déhancher sur une piste de danse. Avec sa moue d'enfant et ses déhanchements sans équivoques, elle déchaînait chez ses soupirants d'âge mûr des regards plus que dévorants et des pensées sûrement érotiques. La chanson se place du point de vue de la lolita qui se défend d'aguicher les hommes. 

 

Les petites filles copient leurs idoles

 

alizée moi lolita

 

Mais comprenait-elle ce qu'elle disait ? Avait-elle conscience de ce qu'elle suscitait chez les hommes matures ? Véritable coup marketing, la chanson surfait sur ce phénomène pour faire vendre. Et quand on sait que Mylène Farmer se cachait derrière ce succès, on ne s'étonne pas d'avantage  du caractère  tendancieux et provocateur des paroles. Mais les petites filles de 8 à 12 ans se sont identifiées à cette nymphette. C'est ce qu'avait révélé l'enquête de Francoscopie 2005  : « on observe un transfert continu des modes de vie et des aspirations vers ceux de la tranche d'âge située au dessus. Les 8-12 ans ont ainsi des comportements qui ressemblent à ceux des 12-15 ans de la précédente génération. Les jeunes filles veulent s'habiller comme des femmes ce qui explique l'apparition du phénomène Lolita ». On assiste à une véritable scission entre les gamines d'aujourd'hui et celles d'il y a une trentaine d'années. Avant elles jouaient à la poupée maintenant ce sont elles les poupées. Avant elles demandaient à leur mère de leurs acheter de la dînette maintenant elles réclament des strings et des soutiens-gorges alors qu'elles n'ont pas encore de poitrine. Fini le temps des petites robes à col Claudine et des jolies socquettes blanches que portaient leur maman. Désormais le mot d'ordre est : provocation. A elles le maquillage et les hauts talons. Plus c'est court mieux sait, elles veulent faire « comme les grandes », porter des pantalons moulants taille basse et montrer leur nombril (souvent déjà piercé). A ce niveau ce n'est plus perçu par les adultes comme un jeu mais comme un signe de maturité. Une apparence plus que faussée. Car en réalité, ces « lolitas » se découvrent et ne prennent pas garde aux fantasmes qu'on peut porter sur elles, elles aguichent sans le vouloir. En les laissant devenir des petites bombes sexuelles à retardement, elles se métamorphosent en proie de premier choix pour  des  hommes  aux intentions mal intentionnées.

 

Fillette  indépendante et maman insouciante

 

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Et la maman dans tout ça ? Soit elle est complètement dépassée soit elle encourage sa fille, étant elle-même une lolita. Ces minettes ont souvent des mères qui ont un souci : celui de vouloir rester jeunes. Au lieu d'être un exemple pour leur descendance, elles jouent à la mère-ado attardée et retombent en enfance. Elles veulent clairement retrouver la jeunesse et la fraîcheur de leurs vingts printemps. On assiste à un paradoxe très peu nouveau : les gamines veulent grandir trop vite et les mamans au contraire se passeraient bien de leurs années en trop. C'est une véritable recherche de personnalité, d’identité croisée. Cependant la même quête subsiste entre les deux générations : séduire les hommes, susciter du désir chez eux. Être la plus sexy et la plus masculines ainsi  excitées tombent dans le panneau de ces jeunes demoiselles provocantes (à l'image du héros de « Lolita » roman de Vladimir Nabokov paru en 1950). C'est d'ailleurs après ce livre qu'est réellement né le phénomène « lolita ». Le livre sulfureux avait fait scandale lors de sa sortie à cause de son histoire jugée dérangeante car immorale. Humbert Humbert, quadragénaire, tombe éperdument amoureux de sa belle-fille Dolorez Haze, une nymphette de seulement 12 ans. L'inceste choque et fascine à la fois.  C'est l'homme la victime de cette allumeuse en culotte courte.Sûre de ses charmes, elle en joue et torture son beau-père en se moquant de ses sentiments. La force du livre se trouve dans l'inversement des rôles : ce n'est pas l'homme qui abuse de la petite mais le contraire, la juvénile séductrice blesse l'homme qu'elle brise peu à peu et on en viendrait presque à oublier qu'il est pédophile.

 

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Adaptation du roman "Lolita" de Vladimir Nabokov par Adrian Lyne 
avec Jeremy Iron (Humbert Humbert) et Dominique Swain (Dolorese Haze)

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